Les Bijoux Amazighs de Tiilite
La fabrication
des bijoux a été pendant longtemps au Maroc la spécialité d’artisans juifs. Il
semble que ce monopole remonte à une période très ancienne.
Dans les régions rurales du Maroc ; les habitant se
fournissaient auprès des bijoutiers vivants dans les Mellahs.
Ces bijoutiers fabriquaient des parures des tribus
environnants ; sellons des procèdes et formes adaptés par chaque tribus.
Dans les régions du sud Marocaine ; on compte facilement quelques noyaux
d’artisans bijoutiers les plus connus à Tiznit ; Tafraout ; Tahla et
dans le sud Est Tillite était autre fois un centre de rayonnement de la
bijouterie Amazigh par excellence.
L’argent été le métal caractéristique de fabrication des
bijoux ruraux. Cela est du essentiellement à
son cout économique mois cher par rapport à l’or.
Le départ massif des juifs du Maroc durant les années
1960 a bien favorisé la reprise de leurs
métiers d’artisans bijoutiers par leurs voisins musulmans qui habitaient à
proximité des anciens Mellahs.
Les femmes Amazighs ont accordé aux bijoux une grande
importance à la fois comme des objets utilitaires d’une part ; d’autre
part comme des éléments nécessaires au bon ornement.
L’importance des bijoux dans la culture Amazigh se manifeste
également comme un héritage familial ; qui se transmet de mère en fille.
Les fibules ; les
bracelets ; les anneaux ; les colliers etc. sont portés par les
femmes lors des fêtes religieuses (ex Tafaska) et des cérémonies de mariage par
exemple.
En effet ;
le corps a été un support par excellence d’exposition de la beauté de ces
bijoux !
Les bracelets amazighs de Tiilite
étaient de grande taille ; allant même des fois jusqu’à un poids très
lourd ; malgré cela ces pièces d’art amazigh semblent vouloir s’imposer
dans l’espace féminin : les bracelets
deux paires avec ; une Tazra du Louban c’est à dire collier de vrai
ambre : sont toujours présents dans les cadeaux offerts à la nouvelles
mariée (voir Tahrouyt N –Tislit)
Durant les années 1970 au début des vacances scolaires de
l’été ; j’ai fréquenté très souvent les boutiques et anciens ateliers des
bijoutiers musulmans de Tiilite .
Certains artisans de ont
fait leurs premiers pas dans l’apprentissage de ce métier noble de
bijoutier ; en s’exerçant même dans les petits ateliers de leurs parents.
Atelier
du bijoutier Askkak (en Amazigh
Installé au réez de chaussée de
la maison ; le bijoutier était autrefois assis par terre sur une natte
devant une table basse avec autour de lui ces instruments de travail :
l’enclume ; divers pinces (Lkate)
marteaux ; Tilima qui servent
aux travaux de finission des bigeux etc.
Le foyer constitué d’une plaque
de poterie ; dans lequel est déposé le creuset destiné à recueillir les pièces
ou les fragments d’argents qu’une fois fondues vont servir à obtenir le lingot
destiné à la fabrication des bijoux. Cette phase est appelé Afsay dans le langage des bijoutiers de
Tillite.
Afssay se fait souvent au petit matin selon les usages que j’ai
moi-même remarqué chez les artisans de Tiilite ; et le bijoutier prend
toujours son petit déjeuné dans son atelier la théière prés de sa forge
l’artisan Baba X allume sa première cigarette tout en traçant dans son
imaginaire la forme que va prendre son objet fabriqué.
L’artisan confectionne des moules
de bracelets qui laissent leurs empreintes dans le sables humide. Cette phase
est appelée en argot des bijoutiers - Ahayyi
n’ Lkilb.-
Le creuset qui contient le métal
à foudre est porté au rouge et le foyer est activé par une soufflerie à manivelle
(.lfourj)
Les matériaux employés
L’argent est la base de la bijouterie de Tiilite ; cette préférence s’explique
à la fois par le cout économique et les coutumes rurales reconnues à tout le
monde Amazigh.
La pratique de l’or dans les confections des bijoux est nouvellement introduite à Kelaa Mgouna ;
et surtout au début des années 1980. Période récente ou les premières implantions
de boutiques de bijoutiers vendeurs des objets
fabriqués en or ; qui
étaient similaires à ceux exposés dans les Saghas(marchés) des grandes villes
comme Marrakech ; Fès etc.
Les bijoux techniques des de décoration :
L’ornementation des bijoux est un art très ancien. Elle peut
se comparer un langage dont le concept comprend un code ; c’est-à-dire un
système de signes utilisés pour établir une communication.
Ce type d’analyse a été repris par Bert Flint dans son
ouvrage : formes et symboles dans les Arts du Maroc.
Pour conclure ;il est important de noter que les bijoux
du monde rural au Maroc ont principalement comme fonction de promouvoir la vie
sociale chez la femme Amazigh comme symbole de richesse et d’appartenance à un
groupe déterminé(prestige ;expression d’une préoccupation psychologique)
Brahim
Abdelwahed ; Chercheur .
Marrakech le 15octobre 2016
Références bibliographiques :
Bert Flint ; Forme et Symbole dans les Arts du Maroc
David Rouach ; Les Bijoux Berbères du Maroc
Encyclopédie Berbère ; H.Camps-Fabrer : Bijoux
Terrasse : Note sur l’origine des bijoux du sud
Marocain ; Hesperis- 1930
Enquête de terrain ; notes prises en été 1980
lors de ma visite aux Bijoutiers de Tiilite.